Roger BOURDIN (1923 - 1976)

« Musicien prodige » comme le définissait Michel Legrand, homme de cœur, merveilleusement gai, Roger Bourdin avait un appétit de la vie comme de la musique qu’il s’efforçait en toute humilité d’être digne d’exprimer et de défendre. Une hémorragie cérébrale le terrassa le 23 septembre 1976 à Versailles. Il donnait un cours d’interprétation. Il repose au Cimetière parisien de Bagneux.

Roger Bourdin 1
© X DR

Roger Bourdin est né le 27 janvier 1923 à Mulhouse de parents fonctionnaires. Passionnés de musique, la maman pianote alors que le papa, fin lettré, plein d’humour, pousse la chansonnette à la fin des repas. Comme l’enfant montre des dispositions - on dit qu'il emboîtait le pas de la musique militaire en jouant de son tambour bleu -, le père muté à Versailles va trouver le directeur du conservatoire « un homme étonnant qui est devenu célèbre depuis, Claude Delvincourt. Écoutez. Si votre enfant aime la musique, on le saura très vite. Mais qu’il apprenne le solfège d’abord et si cela se passe bien dans deux ans, qu’il apprenne un instrument à vent ! J’ai un très bon professeur de flûte, Jacques Chalanda », ancien militaire, rigoureux, discipliné, à qui les élèves n’osent même pas demander d’aller faire pipi !
Il démarre ainsi la flûte à neuf ans, obtient son 1er Prix à l'unanimité à treize et poursuit sa scolarité en prenant des cours par correspondance. « Vers les quinze ans, avant qu'une vie d'artiste ne se dessine, je voulais être officier de marine. » C’est celui de Paris qu’il acquiert en 1939 dans la classe de Marcel Moyse. « Une carrière s’engage… C’est une espèce de petit brevet gentil. On en fait un mythe admirable. C’est logique quand on est jeune mais on s’aperçoit une fois qu’on l’a que tout reste à faire. Si je travaillais la flûte quatre à cinq heures par jour, j’avais un vice merveilleux : le piano. Dans mon for intérieur, je voulais être pianiste. Je le travaillais en douce, ainsi que l’harmonie. » Au point d’accompagner sa sœur Madeleine dans les mélodies de Fauré. « Il avait une oreille exceptionnelle. Rien ne lui échappait. » Sur les instances de Delvincourt, il étudie l’harmonie à Versailles et remporte le 1er Prix en 1941. Il se perfectionnera au Conservatoire de Paris avec Henri Challan : « garçon extraordinaire, musicien fantastique qui vous apprend l'harmonie - vulgairement parlant - en deux coups de cuiller à pot. On est pas doué ; c'est lui qui est doué pour nous l'enseigner. »
La fortune lui sourit très tôt. Soliste à la Radio en 1938 (il en deviendra chef d'orchestre-arrangeur fin 1962), il est admis en 1940 aux Concerts Lamoureux, « un privilège qui n’a pas de prix... On n'a jamais été payé chez Lamoureux. On y joue gratuitement... Je suis impayable ! » Comme Moyse, Fernand Caratgé est émerveillé par cet adolescent doué à la si belle qualité de son. Pour ce grand flûtiste («le plus sublime de mes maîtres », confiait Roger), c’est un bonheur d’avoir à ses côtés ce jeune qu’il considère comme un fils. Et quelle grandeur d’âme de lui confier la partie de flûte solo du Prélude à l’après-midi d’un faune de Debussy devant une Salle Pleyel comble. C’est l’Occupation. « Contemporain de Maurice Allard, Pierre Pierlot et Jacques Lancelot, j’étais des classes mobilisables. Les Allemands qui respectaient la musique ont un peu respecté les musiciens. Un jour, une espèce de commandant allemand, directeur de la musique, est venu écouter l’Orchestre Lamoureux. Il l’a trouvé tellement extraordinaire qu’il l’a mobilisé sur place ! Après, j’ai connu les "grands". J’ai joué avec Georges Enesco et Edwin Fischer, un pianiste exceptionnel. »
Roger occupera vingt-sept ans ce poste (il devient flûte solo en 1960), parcourant le monde entier sous la baguette des plus grands chefs d’orchestre (Paul Paray, Eugène Bigot « peut-être le plus fantastique bras qui ait pu exister. La précision totale », Jean Martinon, Antal Doráti, Pierre Monteux, Igor Markevitch « son empreinte m'a beaucoup marqué », etc.) « Leonard Bernstein, le plus sensible chef que j’ai connu (en novembre 1958), et Ferenc Fricsay - une perte affolante pour la musique - sont deux êtres qui m’ont bouleversé. Je me rappelle très bien de l’orchestre pleurant en jouant avec eux, sanglotant. J’ai vu mon maître Caratgé dans la 9ème Symphonie de Beethoven les larmes coulant sur ses joues. J’ai vu des violonistes tremblant d’émotion, le visage blême tellement on avait quitté la terre à ce moment-là. » À cet égard, son plus beau souvenir restera son solo de Daphnis et Chloé de Ravel dirigé par Charles Münch au Théâtre antique Dionysos d’Athènes sous l’Acropole en 1964. Ils se retrouvent dans les toilettes avant le concert. « Il me dit : mon p’tit gars, joue comme ce matin. Chante, je te suivrai, chante. Je me suis dit : mon pauvre Bourdin. C’est inimaginable la vie riche que tu as. Tu es flûtiste. Tu as la chance de jouer la musique des dieux écrite par un dieu dans ce cadre unique au monde. J‘ai eu un bouleversement de mon être. Je pense que je ne l’ai jamais aussi bien joué, avec autant d’émotion. » Roger évoquait une "entente totale" avec Münch.
Carrière en orchestre symphonique mais aussi en musique de chambre. Il fonde en 1945 un quatuor de flûtes avec Pol Mule, Jean-Pierre Rampal et Eugène (Marcel) Masson (de l'Orchestre Colonne). « Avec Jean-Pierre, nous avons fait entre 47 et 50 toutes les sambas enregistrées sur disques 78 tours pour le prestigieux pianiste Henri Leca (premier prix de Paris dans la classe de Marguerite Long, N.D.L.R.) qui jouait en plongeant sur son clavier. On l’imitait avec nos instruments. Nous avons eu des joies assez drôles, truculentes. » Jacques Royer (des Concerts Lamoureux puis de l'Orchestre de Paris), Robert Hériché (de l'Opéra de Paris), Marcel Vigneron (de la Garde Républicaine), Léon Gamme, gens de talent, surtout de grands classiques, leur succéderont.


© William Richard

En 1966, c’est le Trio de Versailles avec l’altiste Colette Lequien et la harpiste Annie Challan avec laquelle il formera un duo. Ils écument la France pour le compte des Jeunesses Musicales de France (JMF) : environ deux cents villes. Par ailleurs, il créé de nombreuses œuvres comme cette Rapsodie pour flûte et orchestre de Wal-Berg, ce Concerto pour quatre flûtes successives composé par Pierre Ancelin (le 28 mai 1963 dans l'émission de télévision Musique pour vous de Lucienne Bernadac), le Concerto pour flûte de Božidar Kantušer en 1965, Flûtes en vacances de Jacques Castérède (le 20 avril 1966 à La Société Nationale de Musique de Paris), Comptines de Pierre Ancelin (pour soprano, flûte et harpe, en 1968 à l'O.R.T.F.), Le soleil multicolore (pour flûte, alto et harpe) et Swing N°1 (pour flûte et harpe, en 1972 à Aix-en-Provence), toutes deux de Jacques Bondon, ou le Trio pour flûte, alto et harpe de Claude Ballif (commande des JMF, en 1969). Roger n’était pas peu fier d’avoir été le pionnier de la flûte basse, « cette espèce de bazooka... au timbre très nostalgique », fruit d’une étroite collaboration avec un « luthier épatant » et ancien élève, Jacques Lefèvre, le futur Jack Leff. C'est en octobre 1962 et toujours dans l'émission Musique pour vous que cette flûte, « l'idéal pour un orchestrateur », est présentée au grand public.
Ravel, « qui me procure le frisson total... Je pense au lever du jour de Daphnis. Il n'y a pas de doute, à moins d'être insensible... j'ai l'extase », Debussy, Fauré, « d'une pudeur, d'une sensibilité tellement raffinée », ont été cités. Des compositeurs vénérés au même titre que Mozart qui faisait vibrer sa corde sensible, Beethoven, Wagner « m'émeut » et surtout Bach : « Je pense sérieusement que c’est Dieu le Père en musique. Cet être exceptionnel avait tout compris : les pulsations de cœur, d’élévation de l’âme et surtout le côté rythmique de la musique, cet instinct du rythme que possédaient les grands maîtres du dix-huitième siècle. Quand j’entends l’Aria, l’un des plus beaux thèmes jamais écrits, c’est pour moi la musique complète, totale, d’une inspiration fantastique. Les harmonies sont sublimes. Et, en même temps, il y a ce continuo du violoncelle qui me fait penser au plus beau slow qu’on puisse danser avec la femme aimée. C’est la musique spirituelle et sensuelle. »

Roger Bourdin 2
1967 © Jacques Aubert-Philips

L’enseignement comme un sacerdoce dès avril 1943 au Conservatoire de Musique et d'Art Dramatique de Versailles mais aussi au Centre Musical International d’Annecy et à l’Université Musicale Internationale de Paris fondés par la pianiste Eliane Richepin. « Professeur et soliste se complètent. Les élèves m’apprennent à être soliste. Quel fantastique enrichissement ! C’est passionnant... Le professeur, c'est l'élève. » Même si certains aspects des cours pouvaient apparaître « folkloriques », le professeur était intransigeant dans sa rigueur de l’enseignement mais respectait la personnalité de chacun. Les relations étaient loyales. D’une disponibilité souriante, il portait un amour total à ses élèves qui, enthousiasmés par l'exemple, l’adoraient. Il les suivait et les aidait dans leurs carrières. C’était le grand ami qui ne faisait pas payer les cours particuliers aux militaires ou aux étudiants fauchés qui repartaient même avec un casse-croûte. Après un concours, quand il était membre d’un jury, il allait parler à chaque candidat. « Cette atmosphère de jeunesse me fait rester très gosse. Je souhaite, je voudrais être un homme d’avenir. J’ai une mentalité de plus en plus jeune. », déclarait-il en 1969.
Le personnage était chaleureux - on adorait le rencontrer et on ne pouvait faire autrement que de s'y attacher -, prêt à tout, le moral (apparemment) au beau fixe en permanence. Des reparties pleines d’esprit fusaient comme celle-ci, fameuse, quand, présenté à un pianiste efféminé qui lui dit « je ne vous serre pas la main car je suis pianiste », il répond du tac au tac : « Et moi, je ne vous embrasse pas sur la bouche car je suis flûtiste » ; cette réplique faisait la joie d'Igor Markevitch, témoin de la scène. L’âme gagnant sans doute à ne pas trop se prendre au sérieux, « Langue de velours » coupait court au « maître » par un « mettez un terme au maître », lui qui pensait qu’« on est si peu de chose. »
On peut difficilement dissocier l’homme du musicien qui, quand il jouait, essayait de communiquer autant qu’il le pouvait son enthousiasme, sa joie, avec une approche sentimentale et coloriste de la musique. Faire rêver. Ajoutons qu'« il faut qu'elle ait du charme tout le temps ». Le musicien possédait cet avantage d’être complet. Il est rare qu’un grand soliste se double d’un excellent pianiste, compositeur, arrangeur
-orchestrateur juteux aux idées rebondissantes. Apprécions ces lignes figurant au dos d'un 33 tours : « Dans le domaine de l’orchestre de danse de qualité, Roger Bourdin eut le mérite de sortir des sentiers battus et de chercher à renouveler la couleur sonore de l’ensemble. L’utilisation, adroite mais jamais abusive, de la flûte, tant dans les ensembles qu’en solo, donne à ses enregistrements un cachet bien particulier. » Son tempérament le portait à admettre que la musique est un tout. « J’ai côtoyé des gens comme Stéphane Grappelli ou Philippe Brun, purs dans leur talent à l’état brut. Je n’ai pas trouvé l’équivalent dans la musique dite symphonique. Ils étaient nés comme cela. Dans leur propre discipline, ils m’ont émerveillé parce qu’ils m’ont appris une chose rare qui se perd souvent : le rythme, la mise en place. J’ai connu la grande époque Lamoureux parce qu’on jouait en place, avec les nuances. Cela s’effrite tous les jours. Le sens de la mise en place se perd complètement. Il faudrait y revenir. Donc, avec cette discipline de ces gens admirables, j’ai toujours eu cet avertissement, ce contrôle permanent : Attention Roger, tu joues moins en place. »
Trois fois Grand Prix du Disque (1952, 1954 et 1956), il en ressentait viscéralement tous les genres sauf peut-être le contemporain. Doué d'une disponibilité totale et d'une étonnante faculté d'adaptation, prenant les choses à cœur et s’usant à la tâche, sa carrière fut aussi riche que diversifiée : musicien de studio très recherché, chef-d’orchestre aux casinos d’Aix-en-Provence (juillet 1950), d’Enghien, d’Arcachon, des Sables-d’Olonne ou encore de Pontaillac, directeur du conservatoire de Marly-le-Roi en 1971*. Cette créativité passionnée qui le caractérisait le distinguait de ses pairs. On lui a beaucoup reproché sa facilité. Il est évident qu’il désarçonnait les puristes, ces « pisse-vinaigres » comme il les qualifiait. Pas convenable ! « Faites-en autant, tentez... Il n'y pas du tout de musique déshonorante. Il faut chercher un style assez pur, essayer de faire ça avec distinction dans la mesure du possible. » Son côté touche-à-tout était en fait un amour immodéré de la musique. « Elle m’a tout apporté, tout donné. Je ne peux absolument pas vivre sans. Je l’aime sans réserve ni frontières, mais parfaitement interprétée… Nous avons en musique dite de variété des thèmes éternels qui donnent cette sensation physique de bien être et de joie, véritable source d’équilibre dans un monde où la violence l’emporte sur la douceur… Venant après le travail assez astreignant et assez souvent pénible physiquement de la musique classique à qui il faut tout donner, il faut surtout ne rien laisser passer, la musique de variété est cette détente indispensable. » Il en aimait « le charme, la poésie. La facilité ? c'est beaucoup dire parce qu'elle est en vérité très difficile à faire. » D’avoir flirté avec le jazz - « Duke Ellington fut l’instigateur de mon amour pour le jazz. J’ai eu un choc extraordinaire en écoutant Caravan » -, la musique légère « que d’aucuns méprisent à tort », la chanson avec les Frères Jacques, la variété sous les pseudonymes de Red Moore Magic Flute et Cuco Chicos et ses Boys ! la musique de film (Le scandale Christine Keeler), celles de revue, de théâtre et de show-burlesque (Allez vous rhabiller ! au Théâtre des Capucines en 1959,
celle d'un quatrième acte inédit de Chérie noire pour une représentation d’un soir début décembre 1962 au Théâtre de la Potinière,Torero et face-à-main toujours à la Potinière en juillet 1964) ou encore de ballet (Une certaine Lady) lui aura coûté, voire posé des problèmes au niveau de sa carrière, d’autant qu’il évitait de sortir énormément. Il détestait les cocktails : « J’ai trop à faire, à travailler mon instrument, à me perfectionner… Il ne faut pas désarmer ; il faut toujours essayer de jouer des oeuvres difficiles sinon on se rouille et c’est fini, c’est la dégringolade implacable. » Cet artiste sincère repoussait l'enregistrement de grandes oeuvres : il fallait aller davantage encore au fond des choses. Bienveillant, « je voudrais essayer d'être le plus gentil possible toute ma vie », il n’aura jamais égratigné qui que ce soit. « La musique est un don qui doit nous rendre heureux perpétuellement. Moi, je suis perpétuellement heureux. Je dois dire que s'il fallait tout refaire, je souhaiterais que cela se passe de la même façon ». Le succès l'a comblé quand bien même le fait de n’avoir jamais été nommé professeur au Conservatoire National Supérieur de Paris, ressenti comme une injustice, fut sa petite tristesse secrète.

* Qui deviendra le Conservatoire Municipal Roger Bourdin en février 1977 dont il voulait en faire « un berceau de la poésie musicale ».

Philippe Bourdin - Les citations proviennent d'interviews réalisées à Radio France et de l'émission Discorama du 8 novembre 1964

 


© Paul Messonnier

 

L’ÉPISODE GLORIEUX D'IL EST CINQ HEURES, PARIS S'ÉVEILLE

Enregistré le 28 janvier 1968, les autres musiciens sont Jean-Pierre Alarcen (guitare), Christian Padovan (basse) et Lucien Bonetto (percussions), ce titre est régulièrement cité comme l'une des plus belles chansons françaises. « C'est une histoire très drôle. J’enregistre du Jean-Sébastien Bach chez mes amis de chez Vogue quand, tout à coup, le directeur artistique de Jacques Dutronc vient me trouver. « Ecoute Roger, nous sommes en panne avec Dutronc. Il a fait un truc très sympathique hier mais il y a des trous partout. Comme tu improvises bien, ne pourrais-tu pas les boucher ? » Je maugrée un peu. Finalement, de guerre lasse et après qu’ils m’ont amené une petite bouteille de Bordeaux, je fais deux prises en dix minutes. Je dis à tous mes élèves, à tous les musiciens : faites de l’harmonie, vous aurez des joies inégalables. Je pense que le fait d’être harmoniste, d’être musicien plus complet, m’a permis de réaliser ce solo. »

 


© Guy Le Cornec

 

L'ÉQUIPEMENT DE ROGER BOURDIN

Une flûte en ut en maillechort A. Jardé Paris plaquée or

Une flûte en ut Jack Leff n°402 en or massif (18 carats)

Une flûte en ut Haynes en argent

Une flûte en ut Louis Lot Paris en argent (tête 2334 - facteur Villette, corps 94?)

Une flûte en sol Jack Leff plaquée or

Une flûte basse Jack Leff

Un piccolo bois et plaqué or Jack Leff

Un piccolo bois Bonneville

 


© X DR

 

SON RÉPERTOIRE au début des années 70

OEUVRES POUR FLÛTE SEULE
BACH C-P-E Allegro de la Sonate en la mineur
BACH J-S. Sonate en la mineur
BOEHM Thème et variations sur un air allemand
BOURDIN Chanson de Pan
Pan blessé
DEBUSSY Syrinx
HONEGGER Danse de la chèvre
IBERT Pièce pour flûte seule
JOLIVET Ascèses n°4 pour flûte en sol
KOECHLIN Stèle funéraire pour flûte, flûte en sol et piccolo
LANCEN Monologue
RIVIER Oiseaux tendres
VARÈSE Densité 21,5
 
CONCERTOS POUR FLÛTE ET ORCHESTRE À CORDES
ABEL
BACH Brandebourgeois
Suite en si
CORRETTE
LECLAIR J-M
QUANTZ
TELEMANN Suite en la
VIVALDI 6 concertos
3 concertos pour piccolo
 
CONCERTOS POUR FLÛTE AVEC ORCHESTRE À CORDES, 2 HAUTBOIS ET 2 CORS
MOZART Concerto en sol
Concert en ré
Andante en ut
 
CONCERTOS CONTEMPORAINS POUR FLÛTE ET ORCHESTRE À CORDES
FAURE Fantaisie
JOLIVET Concerto
LANCEN Concerto
LANDOWSKI Concerto
MARTIN Ballade
PIERRE-PETIT Petite suite
THIRIET Concerto
 
CONCERTOS POUR FLÛTE ET ORCHESTRE (avec petite et grande harmonie)
ANCELIN Concerto pour 4 flûtes successives (flûte basse, flûte en sol, flûte en ut et piccolo) (cordes et percussions)
WAL-BERG Rapsodie
MOZART Quatre quatuors pour flûte et trio à cordes
 
OEUVRES POUR FLÛTE ET HARPE
ABEL Sonates (inédites)
ANONYME DU XVIIIème SIÈCLE Greensleeves
BACH Sonate en sol mineur
BEETHOVEN Largo
BIZET Menuet de l’Arlésienne
BOCCHERINI Menuet
BOCHSA Introduction et Marche
BOISVALLÉE Sonate
BONDON Swing
BOURDIN Bachaniana
Hommage à Vivaldi
Révérences
COUPERIN Forlane
DELALANDE Musette
DELANNOY Danse des négrillons
FAURÉ Berceuse de Dolly
Sicilienne
GENIN-BOURDIN Carnaval de Venise
GLUCK Orphée (Scène des Champs-Elysées)
GODARD Idylle
HAHN Variations sur un thème de Mozart
HAENDEL Sonate en fa majeur
IBERT Entr’acte
KHATCHATURIAN Berceuse
KRUMPHOLTZ Sonate en fa majeur
LANCEN Matinale
Thème et variations
MOZART Andante en ut
Andante en sol
PADEREWSKI Menuet
RAMEAU Tambourin
RAVEL Pièce en forme de habanera
SAINT-SAENS Le cygne
SATIE 1ère Gymnopédie
SCHULTZEN Sonate n°6 en fa majeur
SCHUMANN Rêverie
TELEMANN Sonate en sol majeur
VINCI Sonate en ré majeur
VIVALDI Aria
Presto en la
 
CONCERTOS POUR FLÛTE ET HARPE
MARISCHAL Concerto (dédié par le compositeur)
MOZART Concerto en ut majeur
 
 
 
© Louis Schultz - 1953

 

  Roger BOURDIN (1923 - 1976)

Musician prodigy” as defined by Michel Legrand, a musician without compare, a man of great heart, the marvelously effervescent Roger Bourdin had an appetite for life that rivaled only his love for the music that he endeavored, in all humility, to be worthy of both expressing and defending. A cerebral hemorrhage brought his career to a close on September 23, 1976 in Versailles. He was giving a music class at the time. He is buried in the Cimetière parisien de Bagneux.

Roger Bourdin 1
© X DR

Roger Bourdin was born on January 27, 1923 in Mulhouse, France, the son of civil servants. Both were passionate about music; his mother would tinkle away on the piano while his father, a man of letters, ever bursting with good humor, would bellow out light-hearted songs at the end of every meal. As the son began to show his talents, the father relocated to Versailles, where he sought out the Conservatory's director, Claude Delvincourt, a most astonishing man: “If he likes music, we’ll find out very quickly. But he has to learn music theory first, and if that goes well, in two years, he can learn a wind instrument! I have a very good flute instructor, Jacques Chalanda”, a former military man, rigorous and disciplined, of whom the students did not dare request even a bathroom break!
After winning First Prize for flute unanimously at only thirteen, which he acquired in Paris in 1939 in the class of Marcel Moyse, “a career was launched … It was a kind of cutesy, token certificate. It makes for a charming childhood anecdote. Something like that is certainly quite fitting when you’re young but eventually you realize you've got all the rest of it to do still. While I was working on the flute, four to five hours a day, meanwhile I had a wonderful vice: the piano. Deep inside, I wanted to be a pianist. I worked on this in secret, and in harmony with my other pursuit.” He accompanies his younger sister Madeleine on Fauré’s melodies: “He had an exceptional ear, nothing escaped him.” On the insistence of Delvincourt, he learned harmony and, at Versailles, obtained his First Prize in 1941.
Fortune smiles upon him very early. Soloist on the Radio in 1938 (and conductor-arranger at the end of 1962), he is admitted in 1940 to the Concerts Lamoureux, “A privilege without price.” As had been Moyse, Fernand Caratgé was amazed by this talented adolescent with such a beautiful tonal quality. For the great flautist (“The most sublime of my teachers”, Roger would later confide), it was a joy to have at his side this young man, whom he treated like a son. And what a greatness of soul to entrust him with the flute solo in Debussy’s Prélude à l’Après-midi d’un Faune (Prelude to the Afternoon of a Faun) before a filled Salle Pleyel. It was the time of the German Occupation. “A contemporary of Maurice Allard, Pierre Pierlot and Jacques Lancelot, I was of an age where I could be enlisted. The Germans, who respected music somewhat, had little respect for the musicians. One day, a kind of a German commander, director of music, came to listen to the Orchestre Lamoureux. He found it so extraordinary that he enlisted it right on the spot!
Roger Bourdin would occupy this position for twenty-seven years (he was named first flute of the orchestra in 1960), traveling round the world playing under the direction of the world’s greatest orchestra conductors (Paul Paray, Eugène Bigot, “Perhaps the most fantastic conducting hand that has ever existed. Total precision…”, Jean Martinon, Antal Doráti, Pierre Monteux, Igor Markevitch, etc). “Leonard Bernstein, the most sensitive conductor I ever met (in November 1958), and Ferenc Fricsay are two figures who simply bowled me over. I remember very well the orchestra actually crying when playing under them; indeed sobbing. I saw my teacher Caratgé during Beethoven’s Ninth Symphony with tears running down his cheeks. I saw violinists trembling with emotion, faces radiant, as if for an instant their feet had left the ground.” In this regard, his most beautiful memory was to remain his own solo during Ravel’s Daphnis et Chloé, conducted by Charles Münch at the ancient Theater of Dionysus in Athens, just below the Acropolis, in 1964. Just before the concert, they found him in the washrooms. “He said to me: my poor young fellow, play like you did this morning. Belt it out, I’ll follow along, just belt it out. I said to myself: my poor Bourdin. It is barely believable what a rich life you have. You are a flautist. You have the chance to play the music of the gods, written by a god in this setting unique in the world. I was struck to my core. I don’t think I’ve ever played so well, with so much emotion.
He pursued a career in the symphony orchestra, but also in chamber music. In 1945 he founded a flute quartet with Pol Mule, Jean-Pierre Rampal and Eugène (Marcel) Masson (the Colonne Orchestra). “With Jean-Pierre, between ‘47 and ‘50, we did all the sambas recorded on 78rpm for the prestigious pianist Henri Leca who
played by diving on his keyboard. We imitated him with our instruments.” Jacques Royer (who played in the Concerts Lamoureux and then in the Orchestre de Paris), Robert Hériché (who played at the Opéra de Paris), Marcel Vigneron (member of the Garde Républicaine), Léon Gamme, all people of talent, and above all great classical musicians, succeeded them.


© William Richard

In 1966, it was the turn of the Trio de Versailles with the alto performer Colette Lequien and harpist Annie Challan, with whom he would later form a duet. They crisscrossed France on behalf of the Jeunesses Musicales de France (JMF): approximately two hundred cities. In addition to this, he produced numerous other pieces, such as the Rapsodie pour flûte et orchestre by Wal-Berg, the Concerto pour quatre flûtes successives composed by Pierre Ancelin (in May 1963 on french Lucienne Bernadac's television program Musique pour vous), the Concerto pour flûte by Božidar Kantušer in 1965, Flûtes en vacances by Jacques Castérède (in April 1966), Comptines by Pierre Ancelin (for soprano, flûte and harpe, in 1968 at the O.R.T.F.), Le soleil multicolore (for flute, harp and viola), Swing N°1 (for flute and harp), these two works by Jacques Bondon, or that Trio pour flûte, alto et harpe by Claude Ballif (commissioned by the JMF in 1969). Roger was not a little proud of having been pioneer of the surprisingly bass flute, "this species of bazooka... with a very nostalgic tone", fruit of a close collaboration with stringed-instrument maker and former student Jacques Lefèvre, the future Jack Leff.
Ravel, “who thrills me”, Debussy, and Fauré have all been mentioned, and all were composers he venerated on the same level as Mozart, Beethoven, Wagner and especially Bach: “I think seriously that he was God the Father in musical form. This exceptional being had understood everything: the pulsating of the heart, elevation of the soul and especially the rhythmical aspect of the music, this instinct for the rhythm possessed by the great masters of the eighteenth century. When I hear the Aria, one of the most beautiful themes ever written, it is for me music that is complete and total, of a fantastic inspiration. The harmonies are sublime. And then there is the Cello Continuo, which makes me think of the most beautiful slow dance that could possibly be danced with an adored woman. It is music both spiritual and sensual.

Roger Bourdin 2
© X DR

On teaching (from April 1943) as a priesthood: “Professor and soloist complete each other. The students have taught me how to be a soloist. What a fantastic enrichment! It’s exhilarating.” Even if certain aspects of his course could appear “folksy” in nature, the professor was intransigent in the rigor of his teaching, yet always respected the character of each individual. A very close and loyal relationship. With an ever sunny availability, he brought an uncompromising love to his students, who adored him, following them and helping them through their careers. He was the great friend who never made military cadets or penniless students pay for private classes, and whom he often even sent off with a bite to eat. After one competition, for which he was a member of the jury, he attempted to speak to each and every candidate. “This youthful atmosphere keeps me young at heart. I wish to be a man of the future. I have a mentality that’s ever becoming younger." he declared in 1969.
He had a warm personality, eager to please, his temperament (by all accounts) never failing to be rosy in outlook. Rejoinders brimming with spiritedness would burst out of his mouth, like the famous episode when, presented with a preening pianist who had said to him, "I won't shake your hand, as I am a pianist," he responded in kind with: "And I won't kiss you on the lips as I am a flautist." This winning soul doubtless knew not to take himself too seriously, and would cut people short who used the term "maestro" with a
joke that defies English translation; this man who would say that "We're all so ephemeral".
It is difficult to separate the man from the musician who, when he played, tried to communicate as much as he could of his enthusiasm, his joy, through a sentimental approach to the music, and with a nostalgic charm. The musician possessed this advantage of being an all-round figure. It is rare that a great soloist doubles as an excellent composer, arranger and pianist. His temperament led him to the realization that music is itself a whole. One could cite, of note, this extract from a text accompanying one of his LP recordings: "In the field of quality dance band music, Roger Bourdin had the merit of stepping off from well-trodden paths and seeking to infuse renewal into the sonorous color of the whole. The use, adroit but never overdone, of the flute, both in ensembles and solo, gives to his recordings a particular cachet."

Three-time Grand Prix du Disque winner (1952, 1954 and 1956), he had a visceral sensitivity for all genres except perhaps the contemporary. Taking things on wholeheartedly and molding them to the task (his impressive discography being a testimony to this), his career was as rich as it was diversified: conductor at the casinos of Aix-en-Provence (in July of 1950), of Enghien, Arcachon, Sables d’Olonnes and Pontaillac, and conservatory director at Marly-le-Roi in 1971. « I did everything. That's the luck, the joy of my life, my balance. » This passionate creativity that characterized him distinguished him from his peers. He was much criticized for such fluency. It seems apparent that he unsettled those purists for whom music is made up of nothing but labels. A view not at all befitting the facts! This jack-of-all-trades side of him was in fact flower of an unadulterated love for the music. "It gave me everything, bestowed the world to me. I simply cannot live without it. I love it without reserve or borders, but perfectly played… we have in music a presumed variety of eternal themes, which give this physical sensation of wellbeing and of joy, a veritable source of harmony in a world where violence impinges on gentleness... Those who don't like it, who have no sensibility for music, are truly unlucky." Flirting with the genres of jazz - "Duke Ellington was instigator of my love of jazz. I had an extraordinary shock when I listened to Caravan,"  - easy listening, "which nobody can mistake", song, with Marcel Amont and Les Frères Jacques, variety, under the pseudonyms of Red Moore Magic Flute and Cuco Chicos et ses Boys (!), film music (The Christine Keeler Affair), musical (Allez vous rhabiller ! and Torero et face-à-main) and even ballet (Une certaine Lady) might have cost him dearly, and even caused him career problems, all the more so as he did such a splendid job of all of these. He detested cocktail parties: "I have too much to do, to work on my instrument, to perfect myself... You can't let down your guard for a moment; you have continually to try to play difficult pieces otherwise you get rusty and then it's over, the collapse is final." This sincere artist pushed back the recording of great works: it was necessary to go deeper, to to get to the bottom of things. Revered figure, he left a lasting impact on the flute community.

Philippe Bourdin (Translation : David Lobel) - Quotes are taken from interviews conducted by Radio France

 


© Paul Messonnier

 

THE NOTORIOUS STORY OF IL EST CINQ HEURES, PARIS S’ÉVEILLE

Recorded on January 28th 1968, this tune is regularly cited among the list of most beautiful songs in the French repertoire. "I was recording some Johann Sebastian Bach at the studios at Vogue when, out of nowhere, Dutronc’s artistic director came to see me. “Listen Roger, we've got a problem with Dutronc. Yesterday he did a really nice piece but there are holes in it everywhere. You're good at improvising, so can you fill them in?” I resisted the idea for a while, but, in the end, fed up, and after they'd brought me a small bottle of Bordeaux, I did two takes in ten minutes. I say to all my students, to all musicians: do harmony, it'll bring you unequalled joy. I think that being a harmonist, being a well-rounded musician, is what enabled me to do this solo."

 

 EQUIPMENT

Une flûte en ut en maillechort A. Jardé Paris plaquée or

Une flûte en ut Jack Leff n°402 en or massif (18 carats)

Une flûte en ut Haynes en argent

Une flûte en ut Louis Lot Paris en argent (tête 2334 - facteur Villette, corps 94?)

Une flûte en sol Jack Leff plaquée or

Une flûte basse Jack Leff

Un piccolo bois et plaqué or Jack Leff

Un piccolo bois Bonneville

 


© X DR